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les 5 émotions perturbatrices

 

" Dans le bouddhisme tibétain, on distingue 5 poisons de l'esprit qui sont les 5 émotions perturbatrices :

  • Le désir attachement : que l'on pourrait traduire par une dépendance douloureuse à quelque chose d'extérieur pour se sentir bien.
  • La colère.
  • L'orgueil.
  • La jalousie.
  • L'ignorance : qui consiste, pour faire simple à ignorer que toutes choses sont reliées et interdépendantes.

Dans cet enseignement, on dit que les 5 émotions perturbatrices sont en réalités 5 sagesses.

Et lorsque l'on purifie ses émotions au lieu de les refouler, elle retrouvent leur nature de sagesse.

 

 

Le désir attachement correspond à la sagesse de la compassion, de l'empathie, de l'amour.

La colère correspond à la sagesse du discernement, passion de savoir, de comprendre, vivacité intellectuelle.

L'orgueil correspond à la sagesse de la dignité, de la confiance en soi.

La jalousie correspond à la sagesse de l'efficacité, l'action pragmatique et fonctionnelle.

L'ignorance correspond à la sagesse de la contemplation, de la méditation.

 

En fait colère et discernement par exemple sont constitués de la même énergie, mais ajustée différemment.

Pour prendre un exemple : c'est comme si vous aviez une grosse boite de légos. Vous avez construit un monstre avec une grosse partie des légos, monstre qui symbolise la colère.

Ces légos à la base venaient d'une boite avec une notice qui expliquait comment construire un temple, qui représente la sagesse du discernement.

Le monstre et le temple sont construit avec les mêmes légos. Alors pour construire le temple, il n'y a qu'une solution : démonter le monstre peu à peu, puis se servir de ses pièces pour le temple.

Mais tant que l'on rejette le monstre parce qu'il n'est pas beau, on ne peut pas construire le temple.

Il faut donc le déconstruire, en observant la colère en nous, en la laissant se décortiquer d'elle même peu à peu.

Plus cette colère va se décortiquer, plus nous développeront du discernement, qui est constitué de la même énergie de base.

 

 

Beaucoup d'enseignements parlent de la nécessité du travail sur les émotions.

Car il ne peut y avoir de réel progrès et de profond changement sans cela.

L'enseignement de Swami Prajnanpad (le maître réalisé qui a enseigné Arnaud Desjardins par exemple) fournit une explication très claire de ce en quoi consiste le travail sur les émotions.

 

Ce qui suit est tiré du livre "Psychanalyse et Sagesse orientale" de Daniel Roumanoff, ou ce disciple nous livre l'enseignement de Swami Prajnanpad à ce sujet.

Les parties en italiques sont des citations de Swami Prajnanpad, le reste est de Daniel Roumannoff.

Swami Prajnanpad montrait de manière très précise comment traiter un émotion.

 

    •  D'abord reconnaître sa présence.

Le premier danger c'est de se couper, de se séparer de ce que l'on ressent et de créer une division, entre « ce que je ressens » et « ce que je devrais ressentir » ou encore « ce que je crois être » et « ce que je suis en réalité ».

"Quand une émotion est là, c'est la vérité du moment présent. Vous ne pouvez la refuser."

"Tout contact entraine une émotion. Acceptez-la. Reconnaître l'émotion ne veut pas dire agir selon cette émotion ou l'exprimer sans tenir compte du lieu, des circonstances, de la personne et du moment."

 

 

    • Accueillir et accepter l'émotion sans la justifier.

Après la reconnaissance de l'émotion, c'est l'accueil. Devenir un avec elle : ne pas se couper, ne pas se séparer, ne pas se diviser, mais faire corps avec elle, se l'approprier : "Si je découvre que je suis un démon, très bien, je suis un démon. C'est de là que je dois partir."

 

 

    • Écouter l'émotion.

Une fois reconnue et acceptée, l'émotion doit être écoutée. Il faut lui donner la parole. Elle doit avoir la possibilité de s'exprimer, de raconter son histoire.

Il ne faut pas craindre que l'émotion reste ou s'incruste et que l'on ne puisse pas s'en défaire. Plus elle s'exprime, moins elle sera forte. La non-expression la renforce.

 

    •  Donner à l'émotion la possibilité de s'exprimer totalement.

De même qu'à un hôte venant d'un pays étranger, on laisse toute latitude pour s'exprimer sans porter sur lui de jugements de valeur, puisque ses critères de référence, son éducation, les mœurs de son pays sont différents, on accorde les mêmes facilités à l'émotion. On l'accompagne, on devient l'émotion. On est un avec elle, pour jouir d'elle et pour la connaître afin de répondre à la question : « Que veut-elle ? Puis-je la satisfaire et comment ? ». Car toute émotion est en fait une demande.

 

 

"Si vous avez une émotion, laissez-la s'exprimer autant que possible, soyez avec cette émotion ou plutôt, soyez l'émotion et elle s'épuisera alors rapidement."

"Parce que c'est la vérité du moment présent, laissez-la agir, produire ses effets. Vivez-la, exprimez-la. Au bout de quelques temps, si vous ne la contrôlez pas, si vous n'intervenez pas -et ce ne sera pas long- elle s'arrêtera d'elle-même."

 

"Vous êtes en colère. Vous exprimez votre colère. Et après cela ? La colère n'est rien d'autre que l'expression de quelque chose d'étranger qui est venu à vous. Et la colère essaye de le rejeter... Alors tous ces pleurs, toutes ces expressions émotionnelles que sont-elles ? Rien d'autre qu'une expression pour être soi-même. Toute activité n'est rien d'autre qu'un effort pour essayer de rejeter tout corps étranger qui est venu à vous et pour être vous-mêmes. Les émotions sont des expressions pour vous rendre libre."

"Sans agir, sans s'exprimer on ne peut trouver la vérité. L'émotion doit jouer son rôle. Si elle ne peut jouer son rôle, elle le jouera de manière anormale."

 

"L'esclavage de l'émotion est le seul esclavage. L'émotion est "vaincue" quand vous lui donnez une expression complète : c'est ce qu'on appelle (mukti) délivrance."

 

    •  Discriminer, réfléchir et répondre à l'émotion.

"Être un avec l'émotion signifie être hors de l'émotion mais sans aucun refus, c'est à dire qu'il n'y a rien d'autre que l'émotion et la lucidité. Il n'y a donc pas de conflit . C'est ainsi que l'émotion disparaît."

 

  • "Comment se rendre libre de l'émotion ? En lui permettant de se développer et en essayant de voir sa nature et en agissant en conséquence. Laissez les émotions sortir. Très bien. Puis après cela, voyez la nature des émotions.
  • Quelle en est la nature ? Pourquoi ces émotions ? Pourquoi est ce que je ressens les choses ainsi ?"

Les faits étant établis, il est possible de prendre une distance, de les placer dans leur contexte, de s'interroger sur les raisons et d'essayer de satisfaire la demande dans toute la mesure du possible. La discrimination rend possible une action délibérée et consciente et permet ainsi de dissoudre l'émotion. "

Source forumspirituel.fr